Découvrons ensemble le travail de la vigne

On connaît souvent très mal le métier des autres. Pour mieux comprendre le nôtre et faire plus ample connaissance, je vous invite si vous le désirez, à partager avec nous une saison de labeur dans les vignes.

Les vendanges sont terminées, la vigne a perdu ses plus beaux atours: ses raisins. Heureusement, la nature pour nous consoler pare la vigne et les bois des couleurs de l'automne composant un tableau digne des meilleurs impressionnistes. Hélas, il est éphémère les averses le délavent, les gelées le fragilisent et le vent finit par l'effacer ne laissant que des végétaux squelettiques. Ceci nous fait comprendre que la nature s'est endormie et nous allons en profiter pour tailler la vigne.

Souvent, la douce lumière de Novembre inonde la campagne et nous profitons de journées parmi les plus agréables de l'année. Parfois, hélas, porté par la Garonne, un brouillard assez dense recouvre la vallée. Sur les coteaux, un soleil pâle et affaibli tente de nous réchauffer mais il a peu de force et le froid nous étreint. Courageusement, nous devons l'affronter. Pour préparer la prochaine récolte, ne laissons que les bourgeons nécessaires à un rendement raisonnable ainsi, les raisins seront mieux nourris.

Maintenant, il nous faut enlever les sarments de l'année précédente. Ce n'est pas une mince affaire. Pour nous donner du courage, pensons aux grillades et aux entrecôtes à la bordelaise que l'on pourra déguster grâce à eux.

Les fils de palissage réparés, les flages bois destinés à la production de l'année sont pliées et attachées sur le fil. Les journées nous ont parfois paru longues. Malgré le froid, la pluie, tous les jours nous sommes au labeur. Vos mains sont devenues un peu calleuses et ont été souvent engourdies par le froid. Courage, les jours allongent sensiblement, la température se radoucit et nous pouvons enlever ces vêtements lourds et inesthétiques qui nous ont protégés des frimats. Le soleil reprend des forces la nature se réveille, nous fait des clins d'œil, en cachette elle nous montre ses premières fleurs. Le chant des oiseaux a changé, s'est amplifié, il annonce le printemps et la nidification. Et revoilà le coucou, le plus précoce des migrateur avec son langage original et son vol lourd. C'est la fin du mois de Mars les bourgeons vont éclore les premières feuilles et les petits raisins manes apparaître et nous allons craindre les gelées printanières, qui, en un matin peuvent tout anéantir.

Dans l'hiver, nous avons travaillé le sol en profondeur afin de le décompacter pour qu'il vive mieux, qu'il s'aère, qu'il respire et que les racines se développent en profondeur à la recherche du terroir originel. Ensuite, laissons l'enherbement naturel se développer. Il va empêcher l'érosion et servir de refuge à la faune auxiliaire nous permettant ainsi de limiter les traitements.

Voici le mois de Mai, la vigne pousse très vite, les ceps se couvrent de végétation. Il nous faut épamprer: enlever les bois inutiles, éliminer les bourgeons doubles, éclaircir avec une perpétuelle obsession: laisser le soleil entrer dans le cep. Oui c'est un peu bas et vous avez mal au dos! Quelques jours d'entraînement et cela va passer. Les rameaux se développent rapidement. Il faut les palisser pour qu'ils poussent bien droit. Une course poursuite est engagée avec une végétation très rapide comme pressée d'atteindre le haut du palissage et d'étaler ses feuilles pour capter la lumière solaire source de vie. La lutte est rude mais avec de l'obstination et votre aide, nous allons gagner!

La vigne va bientôt fleurir, période délicate. Il faut souhaiter le soleil. Oui, la fleur est très petite très discrète mais, humez-la! Quel parfum merveilleux, subtil. Il est surprenant qu'aucun parfumeur ne s'en soit inspiré. Arrive la nouaison, formation des graines fécondées qui grossissent rapidement. Méticuleux, nous allons repasser dans toutes les parcelles redresser les rameaux un peu couchés, enlever des entre nœuds inutiles et aérer encore la vendange. Vous me prenez un peu pour un maniaque. C'est vrai! Mais c'est une mesure prophylactique importante. Les raisins capteront mieux le soleil pour fabriquer du sucre et aurons moins d'humidité qui favorise le développement des maladies de la vigne qui sont toutes cryptogamiques.

En même temps, nous avons écimé c'est à dire taillé les rangs afin qu'ils aient cette forme ordonnée et rectiligne qui fait le charme des paysages viticoles.

Tous ces travaux nous on conduit au début Août. Nous allons prendre quelques jours de repos bien mérités et revenez en pleine forme pour préparer les vendanges.

On va bientôt vendanger

Bonjour, vous voilà de retour, bien reposé et bien bronzé. Ce joli teint a déjà été pris dans les vignes où nous avons pris soin d'éviter le bronzage agricole qui attire souvent des regards ironiques.

Maintenant, au travail, il nous faut concrétiser nos efforts de l'année. Commençons par nettoyer et désinfecter tout le matériel de chai: cuves, presse, sol, tuyaux, tout doit être impeccable.

Le choix de la date des vendanges est délicat, il nous faut parcourir les parcelles, goûter les graines et en accord avec les conseils de l'œnologue, décider du jour J.

C'est parti: la machine à vendanger majestueuse enjambe les rangs. La vendange arrive au cuvier où elle est éraflée seules les graines vont dans la cuve. Parfois, le matériel tombe en panne. Le père Mayle tempête, rage, jure. Ah mais où sont les vendanges d'antan avec les chants dans les rangs de vigne, les sourires des vendangeuses et parfois des amourettes? Mais il faut être réaliste et ces vendanges mécaniques, plus rapides nous permettent de choisir au plus juste la date de la récolte et d'optimiser la qualité.

Dans le cuvier, commence un travail méticuleux. Matin et soir, il nous faut prendre la densité du vin ainsi que sa température afin de vérifier le bon déroulement de la fermentation. Avec une pompe, le jus de raisins est pris en bas de la cuve et on arrose le sommet (le chapeau) où sont remontées les graines afin d'en extraire la couleur, les tanins, les précurseurs d'arômes, les anthocyanes et toutes les riches saveurs qu'elles contiennent (ce sont les remontages). Ce travail doit être méticuleusement dosé et c'est pour cela, que nous goûtons chaque cuve matin et soir. Mais non, ce n'est pas une corvée: les papilles, le nez sont ivres de plaisir découvrant au cours de la fermentation des parfums inouïs qui font toute la magie de la vinification et nous font deviner la qualité du produit fini.

En fin de fermentation, le jus et les raisins fermentés sont sortis de la cuve: c'est l'écoulage. Le vin doit maintenant faire sa fermentation malolactique qui est souvent assez capricieuse. Les soutirages vont servir à séparer le vin fin de la lie qui pourrait donner de mauvais goûts et lui apporter de la limpidité.

Maintenant, nos sens vont encore être mises à contribution. Nous allons déguster toutes les cuves et avec l'accord de l'œnologue, procéder au délicat choix de l'assemblage.

Bientôt, le vin sera prêt à être mis en bouteilles et comme nous avons œuvré ensemble, vous pourrez dire que c'est un peu le vôtre.

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